';
side-area-logo

Pourquoi les poches dans les vêtements féminins sont une revendication politique

Aujourd’hui encore, il n’est pas rare qu’un pantalon ou une robe pour femme ne comporte pas de poches, ou, si petites qu’elles sont totalement inutilisables. Pensez vous qu’il s’agit d’un détail ? Absolument pas. La présence de poches dans les vêtements pour femmes est un sujet hautement politique. Derrière cet élément du quotidien se cache une histoire longue de plusieurs siècles, faite de contrôle, d’émancipation et d’inégalités.

Les femmes et leurs poches séparées

Au XVIIe siècle, les femmes possédaient bel et bien des poches sur leurs vêtements, mais celles-ci étaient cousues séparément, accrochées sous les jupes, accessibles par une fente. Elles y rangeaient clés, lettres, argent… des objets privés et personnels.

Avec l’arrivée du style néoclassique au début du XIXe siècle, présentant des robes plus légères, des lignes droites, des tailles hautes…, les poches externes disparaissent au profit du réticule, petit sac à main élégant — et ouvertement décoratif.

Le vêtement féminin comme outil de contrôle

Pendant des décennies, la mode féminine a été conçue sans chercher de fonctionnalité réelle. Ont peut par exemple citer les corsets, les jupes entravantes, les sacs portés à la main… tout était pensé pour la silhouette et l’élégance mais en aucun cas pour l’autonomie et le confort. L’homme quand à lui a des poches, car il se déplace, il agit, il possède. La femme, elle, tout au mieux l’accompagne. Ce détail vestimentaire reflète un message implicite de ces époques :

« Une femme n’a rien à cacher, rien à transporter, rien à faire seule. »

1914–1918 : la guerre, un tournant

Pendant la Première Guerre mondiale, les femmes doivent remplacer les hommes dans les usines, les champs, les transports. Elles vont alors porter des pantalons, mais seulement à des fins pratiques, et rarement hors du cadre professionnel.

“On tolère le pantalon si la femme travaille, mais pas comme un choix de style ou de statut.”

L’actrice Marlene Dietrich ose le smoking, les pantalons, la tenue androgyne. En 1933, elle porte un pantalon à Paris : elle risque l’arrestation pour tenue masculine. Mais son allure fait sensation. Les icônes glamour comme Greta Garbo ou encore Katharine Hepburn vont alors se multiplier.

1940–60 : l’entrée dans le quotidien… mais avec prudence

Après guerre, le pantalon devient peu à peu accepté pour les femmes à la maison, en vacances, pour jardiner ou faire du sport. Mais attention, en ville ou au travail, il reste mal vu. Grâce à des figures comme Audrey Hepburn, le pantalon se fait chic et élégant. Mais attention, il doit rester féminin, près du corps, élégant, presque comme un uniforme ou un déguisement.

1960–70 : libération vestimentaire et féminisme

C’est LA décennie du changement. Les femmes réclament le droit de s’habiller comme elles veulent. Pour épauler ce mouvement, de grande figure comme Yves Saint Laurent lance en 1966 le smoking pour femme, qui va s’avérer un véritable révolution stylistique et politique. Le pantalon va devenir un symbole d’égalité et de puissance. Dans certains pays ou professions, le port du pantalon féminin reste pourtant interdit ou mal vu jusque dans les années 90. Encore aujourd’hui, de nombreuses marques continuent à ignorer cette revendication, au nom de la ligne ou de l’élégance.

Le saviez-vous ?

En France, une ordonnance datée de 1800 interdisant aux femmes de porter le pantalon était encore en vigueur sur le papier jusqu’en 2013 ! Elle exigeait une « permission spéciale » pour s’habiller en homme. Abrogée officiellement cette année-là, cette loi archaïque longtemps rappelé combien la liberté vestimentaire féminine est récente et acquise de haute lutte.

Certaines maisons et créateurs ont décidé de ne plus sacrifier la poche au style. Les vêtements pour femmes peuvent et doivent être aussi pratiques que beaux. On peut penser aux tailleurs Saint Laurent, où la veste assume une allure masculine et des poches fonctionnelles. Les pantalons Chloé, larges et souples, avec de vraies poches latérales. Ou encore des marques comme Patou, qui font du volume et de la structure un prétexte à redonner de l’espace aux femmes dans leurs vêtements.

Chez Boutique Espaces, cette approche est essentielle. Nous sélectionnons des pièces qui ne sacrifient ni le confort, ni l’autonomie, arce qu’un vêtement doit accompagner une femme.

Recommend
Share