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Luxe & écologie : comment les marques s’adaptent

Le luxe, longtemps perçu comme à l’écart des préoccupations environnementales, se transforme en profondeur. Face à des consommateurs plus exigeants et une planète sous pression, les grandes maisons réinventent leurs pratiques : matières responsables, relocalisation, circularité… Le secteur s’engage pour concilier excellence et durabilité. Pendant longtemps, certaines marques de luxe se sont contentées d’initiatives symboliques ou de campagnes marketing « vertes », sans engagements tangibles. Aujourd’hui, les leaders du secteur sont poussés à passer d’un discours à des actions concrètes, mesurables et vérifiables.

Kering : transparence environnementale pionnière

Le groupe Kering (Gucci, Balenciaga, Bottega Veneta, Saint Laurent…) est reconnu comme l’un des plus engagés en matière de durabilité. Depuis 2015, il publie chaque année un “Environmental Profit & Loss” (EP&L) : un rapport public qui chiffre l’impact environnemental de ses activités à toutes les étapes (matières premières, production, transport, etc.). Ce rapport traduit les émissions de CO₂, la consommation d’eau ou encore la pollution en valeur monétaire, afin de prendre des décisions guidées par des données. Kering s’est également engagé à réduire de 40 % son impact environnemental global d’ici 2025 (par unité de valeur ajoutée).

LVMH et son programme Life 360

De son côté, LVMH (Louis Vuitton, Dior, Fendi, Celine…) a lancé en 2021 le programme Life 360, un plan environnemental structuré autour de trois grands axes. Creative circularity, avec l’intégration de l’économie circulaire dans la création (matières durables, réemploi, …). Biodiversity et la protection des écosystèmes liés à leurs chaînes d’approvisionnement (ex : cuir, coton, soie). Et enfin, Climate, qui s’engage a une réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre de ses scopes 1 et 2 d’ici 2030, et une baisse de 55 % de son empreinte carbone par produit.

Des matières premières éthiques et durables

Dans l’univers du luxe, la qualité des matières premières a toujours été un marqueur fondamental. Mais aujourd’hui, cette exigence de qualité doit s’accompagner d’une responsabilité écologique et éthique. Les grandes maisons repensent donc leurs approvisionnements en profondeur, pour limiter leur impact environnemental sans rien sacrifier au raffinement.

Des fibres naturelles mieux sourcées

Les matières traditionnelles comme la soie, le cachemire, le lin ou le coton restent incontournables, mais elles sont désormais sélectionnées selon des critères stricts de traçabilité et de durabilité. Nous avions déjà parlé dans cet article des différents tissus d’exceptions dans la mode ou encore lors de notre zoom sur le cachemire

  • Soie biologique : issue de vers élevés sans pesticides, avec des procédés de filature respectueux de l’environnement.

  • Cachemire responsable : souvent certifié par le label The Good Cashmere Standard, qui garantit le bien-être animal et la régénération des sols.

  • Coton bio ou GOTS : cultivé sans produits chimiques, il consomme jusqu’à 90 % d’eau en moins que le coton conventionnel.

  • Lin européen : cultivé principalement en France, Belgique ou aux Pays-Bas, il est naturellement écologique et nécessite peu d’irrigation.

 

Des cuirs plus responsables

Le cuir reste une matière phare dans la maroquinerie et les accessoires de luxe, mais son impact environnemental est surveillé de près. La maison Hermès a investi dans le développement de « Sylvania », un cuir bio-fabriqué à base de mycélium, pour des pièces à la fois luxueuses et responsables.

  • Tannage végétal : une méthode ancestrale et non polluante, utilisant des extraits de plantes plutôt que du chrome.

  • Cuirs certifiés LWG (Leather Working Group) : cette certification garantit une gestion durable des ressources en eau, en énergie et en déchets dans les tanneries.

  • Alternatives végétales : certains créateurs innovants explorent des cuirs à base de raisin, de champignon (mycélium), d’ananas ou de cactus.

Relocalisation et circuits courts

Si la mondialisation a permis d’industrialiser et de rationaliser la production textile, elle a aussi contribué à éloigner le luxe de ses fondements : la rareté, la maîtrise artisanale et l’ancrage territorial. Aujourd’hui, les grandes maisons amorcent un retour stratégique vers des circuits plus courts et plus transparents, en réintégrant leur production là où leurs racines et savoir-faire ont toujours existé.

Made in France, Italy ou Spain : une valeur retrouvée

Relocaliser, ce n’est pas simplement produire “plus près”. C’est réaffirmer l’identité culturelle d’un produit, son lien à un territoire, à un geste, à une tradition.

Chanel a acquis ou soutenu depuis 1985 plus de 40 maisons d’art (brodeurs, plumassiers, gantiers…) à travers son programme Métiers d’Art, permettant de maintenir des savoir-faire français d’exception en vie.

Hermès a ouvert ces dernières années plusieurs ateliers en régions (ex. à Louviers, Saint-Vincent-de-Paul ou Fitilieu), favorisant un emploi local qualifié tout en réduisant les transports.

Loro Piana ou Brunello Cucinelli en Italie insistent sur la production intégrée et locale, autour d’ateliers familiaux et d’un lien fort à la terre.

Réduction de l’empreinte logistique

En produisant plus près des lieux de distribution, les marques réduisent considérablement leur empreinte carbone liée au transport. Exit les allers-retours intercontinentaux entre design, production, assemblage et vente : une pièce produite localement consomme moins d’énergie, est plus traçable et plus fiable en termes de qualité. Certains ateliers misent sur une production à la demande ou en série limitée, évitant le surstock et les invendus. L’approvisionnement en matières locales, quand possible, renforce aussi la cohérence environnementale (ex : lin français, laine mérinos européenne).

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